le deuil - quand on perd son bébé

Publié le par gaëlle Brunetaud

La médecine a donné différents noms à la perte d’un bébé : fausse couche ou mort néonatale. Mais c’est toujours un bébé qu’on perd, une promesse qui ne se réalisera jamais, un être qu’on ne verra pas grandir, tout un monde qu’on avait échafaudé en vain. Si le bébé n’a pas eu le temps de vivre hors du ventre, il nous quitte sans aucun souvenir concret auquel on peut se rattacher pour « faire son deuil ». En effet, le travail de deuil passe toujours pas la remémoration de souvenirs. Alors, comment faire le deuil de celui qui n’a pas vécu ?

Le ventre est vide, comme après n’importe quel accouchement, mais la Vie est vide elle aussi. En quittant la maternité, on se sépare définitivement de son bébé. On ne le reverra plus jamais. La douleur, c’est parfois la seule chose qui nous reste de cet enfant. Le corps s’est modifié, la poitrine a grossi, on a un corps de mère mais pas de bébé. Quelque chose en soi se désagrège, on se sent amputé.

La douleur, pour chacun, est différente. Elle ne dépend pas seulement du terme, de l’attente qui a précédé la conception, ou du rang de naissance de l’enfant.

Bien souvent, l’entourage étouffe cette douleur. On reconnaît peu aux parents le droit d’être en deuil. D’ailleurs, si c’est le premier enfant, on ne les reconnaît même pas « parents ». Il faut faire comme s’il ne s’était rien passé.

On nous promet un autre bébé, mais c’est celui là qu’on voulait, pas un autre. Quand on parle de « d’une fausse couche », on minimise encore davantage. Ce bébé, nous en avons rêvé, nous l’avons vu à l’échographie, nous l’avons senti dans notre ventre, parfois nous l’avons pris dans nos bras à la naissance, parfois nous n’avons même pas pu le voir. Pour nous c’est un être humain, pour les autres il n’existe pas.

De nombreux parents passent par la stupeur, la culpabilité – je n’en ai pas fait assez pour le bébé- , la colère – l’équipe médicale a-t-elle fait tout son possible ?- , l’infinie tristesse, un sentiment d’échec qui peut s’étendre à tous les aspects de la vie –je n’ai pas su garder mon bébé, je n’ai pas su le faire vivre, je ne sais pas faire les enfants, je ne sais rien faire-.

Il faudrait laisser, aux parents qui en éprouvent le besoin, le droit de pleurer la perte de leur bébé, quel que soit son terme. Refoulée, la souffrance  détériore la santé émotionnelle et psychique. Car il faut traverser la souffrance pour accepter la réalité et continuer à vivre.

  

Si vous êtes concernés par cette question, des forums, des associations existent. N’hésitez pas à vous tourner vers eux, ne restez pas seul(e)s face avec votre souffrance. Vous pouvez aussi me contacter, je vous répondrais avec plaisir.

vous pouvez notamment contacter : 

http://lenfantsansnom.free.fr soutient les parents endeuillés, sensibilise l'opinion publique sur le statut du bébé et son insciption à l'état civil avant 6 mois de grossesse, soutient les parents qui attendent un bébé après un deuil périnatal. 

http://upecet.free.fr  soutient et écoute les parents endeuillés et leurs familles. Ils apportent une aide dans les démarches administratives. 

http://nostoutpetits.free.fr  accompagne les parents endeuillés, sensibilise les soignants, et favorise la reconnaissance médiatique, juridique, et administrative du deuil périnatal.

http://www.agapa.fr   accueille écoute et accompagne les personnes ayant perdu un bébé après une IMG, une IVG ou un deuil périnatal.

Publié dans les enjeux

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G
Merci Nathalie, je vous souhaite une très très belle rencontre dans 3 semaines ... Oui, en plus du deuil d'enfant, il faut parfois, aussi, faire le deuil du couple qui sort de cette épreuve estropié, comme crucifié... Et alors, il faut retrouver l'énergie de se reconstruire... <br /> Belle route à vous
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F
Bonjour,<br /> A travers votre témoignage, je retrouve exactement les émotions et la détresse ressentis suite à la perte de mon bébé en mars 2001, il y a maintenant 6 ans, décédé en cours d\\\'accouchement mais né à terme : la stupeur, le manque terrible, le doute face à l\\\'équipe médicale, la culpabilité, le désespoir, la remise en question de tout. Je n\\\'ai heureusement pas eu à me battre pour faire reconnaître son existence.<br /> Cela fait du bien de rencontrer le même vécu, j\\\'aurais aimé à l\\\'époque pouvoir partager cette détresse. C\\\'est bien de l\\\'exprimer comme vous le faites. <br /> Je suis passé par 3 ans de thérapie pour accepter et me reconstruire. Aujourd\\\'hui, j\\\'ai formé un nouveau couple et je suis à nouveau enceinte, à 3 semaines du terme : tout va bien mais j\\\'y croirai vraiment le jour de sa naissance. <br /> Encore bravo pour votre démarche.
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