l'enfant désiré
Aussi loin que je me souvienne, je porte en moi la maternité comme un devoir sacré.
A sept ans, c’est avec une fierté de reine que j’emmenais mon petit frère à l’école. Je tenais par la main le plus grand trésor de l’humanité.
Mon petit frère … Nous passions sur la route sans la toucher. Nous n’entendions rien du dehors. Nous ne reconnaissions personne. Nous ne parlions qu’entre nous. A l’heure de la sieste, j’entrais dans l’école maternelle pour glisser mon frère dans son lit. Debout à côté de lui, je le veillais comme une mère, comme une louve. Je restais figée sur son souffle jusqu’à ce qu’il s’endorme. Ma classe pouvait attendre. Rien ne comptait plus que le sommeil de mon petit frère. Rien ne comptait plus que mon rôle de petite mère. Rien ne comptait plus que mon amour pour l’enfant qu’il était, pour l’homme qu’il deviendrait. Je voulais être celle qui éveille les enfants, celle qui les porte dans la vie, celle qui les soutient jusqu’à l’envol, celle qui les guide sur le chemin du bonheur.
extrait du livre Ó "Marie-Kerguelen", 1ère partie - l'enfant désiré