quand nous vivons un deuil ...

Publié le par gaëlle B

Une fois n'est pas coutume, je partage avec vous un texte proposé par une amie. Je l'ai trouvé très juste.

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Quand nous vivons un deuil - après la disparition d'un être cher, une séparation, la perte d'un travail, d'un projet qui nous tenait à cœur, au lieu de mettre toutes nos forces à lutter contre la souffrance et faire croire à une apparente insouciance, pleurons, pleurons tout notre saoul si nous en ressentons le besoin. Le temps que nous croyons gagner sur nos larmes, nous le per­dons sur notre vie. Il ne s'agit pas d'éprouver du plai­sir à se lamenter et à raviver ses blessures. Mais quand on se refuse à vivre sa douleur, on ajoute à sa peine par le fait de retenir ses pleurs. On ne laisse pas couler, s'écouler, le trop-plein de chagrin qui étouffe notre cœur. Et on met tant d'énergie à refouler ses larmes, à contenir ses mots, que l'on se vide de ses forces. En acceptant d'être tristes, on se libère peu à peu de cette tristesse qui met un frein à notre vie.

Ce temps nécessaire pour nous délivrer de notre chagrin, prenons-le. Pour nous, notre santé, notre survie. Volons-le, s'il le faut, aux attentes, aux exigences de notre entourage. Imposons-le à ceux qui opposent à nos maux une forme d'indifférence. Une indifférence qui n'est pas le fait d'une absence d'amour, mais d'une difficulté à bien nous entendre. Nous pouvons être « très entourés », accompagnés par la présence de ceux qui nous aiment; mais parmi ceux qui croient nous comprendre, peu ont véritablement conscience de ce que nous vivons. Peu ont l'art de la consolation, du mot qui calme et du geste qui rassure. Il ne faut pas leur en vouloir, ils sont incapables de s'apporter à eux-mêmes le moindre secours, comment seraient-ils pour nous de quelque recours ? Nous pouvons trouver pour nous-mêmes les mots qui nous guérissent.

Pour nous aider à trouver les mots qui nous font du bien, accueillons un temps notre douleur. Laissons-la vivre et exprimer ce que nous ne savons pas dire avec des mots : donnons-lui la parole. Alors il se peut qu'elle s'en aille, tout doucement, ayant eu le temps et l'espace dont elle avait besoin pour se libérer. Si elle persiste, écoutons ce qu'elle a à nous dire : pourquoi une telle intensité, voire une telle violence dans son expression ? Qu'avons-nous vécu, vu, entendu qui l'ait éveillée ou réveillée - même quand elle dort, elle n'est pas loin ? Si nous l'écoutons, nous apprenons peu à peu à mieux la connaître; alors pouvons-nous lui répondre. Trouver les mots susceptibles de l'apaiser.

Le temps nécessaire pour qu'elle cesse, nous l'ignorons; il faut être patient. La société, les autres, il est vrai, ne laissent guère le temps de revenir sur ce qui est perdu, ou ce que l'on croit perdu. Les retours en arrière incessants sur ce qui nous a fait souffrir et nous fait encore souffrir ne vont pas dans le sens, au moins en apparence, de ce qui nous permettrait d'avancer. Or dénouer les fils de notre histoire nous fait progresser. Le passé ne devient passé que s'il est dépassé, digéré, assimilé.

Chaque événement du quotidien a quelque chose à nous apprendre : toute expérience heureuse ou douloureuse est riche d'enseignement. Mais pour extraire cette richesse, il faut du temps, du calme et du silence. Ce temps peut être enrichi de l'expérience et de la parole d'un autre, de sa présence, de sa chaleur, de son amour. Mais c'est dans le silence de son temple intérieur que chacun pourra se poser les vraies questions et chercher à y répondre. L'écoute d'un autre est là pour nous per­mettre de mieux nous écouter.

Extrait du livre de Catherine Bensaid
la musique des anges

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M
<br /> <br /> C'est superbement écrit et tellement vrai<br /> <br /> <br /> <br />
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G
<br /> <br /> oui il est sans doute intéressant ce livre !<br /> <br /> <br /> <br />